Sécurité des aliments et production animale locale aux Antilles françaises -
Stratégies Innovantes pour produire des denrées animales saines dans les zones contaminées par la chlordécone (INSSICCA)
L'élevage antillais est soumis à un ensemble de contraintes qui pèsent sur sa viabilité : pression foncière croissante, coût des matières premières, concurrence des denrées d'importation et plus récemment l'enjeu de sûreté alimentaire lié à la chlordécone. Cette molécule contamine une part significative de la surface agricole utile en Martinique comme en Guadeloupe. La production de denrées animales sur ces terrains est menacée car le transfert de la molécule depuis le sol vers les produits animaux conduit à des niveaux parfois supérieurs aux normes en vigueur. Or l'élevage joue un rôle important. Tantôt spécialisé, tantôt au coeur de systèmes de polyculture élevage, il peut être pratiqué par un professionnel, un double-actif ou encore à titre vivrier et concerne donc beaucoup de personnes en milieu rural. Il correspond aussi à la valorisation de matières premières locales, d'espaces peu propices à d'autres spéculations agricoles, d'un patrimoine génétique original. Les différentes races créoles adaptées au territoire sont constitutives d'un savoir-faire d'élevage, conduisent à la production de denrées originales et sont vectrices d'une culture identitaire. Il apparaît donc nécessaire de réagir face à cette menace chimique pour maintenir l'activité économique liée à l'élevage mais également l'ensemble des externalités positives citées ci-dessus. L'ambition du projet est donc de proposer des pratiques innovantes susceptibles de diminuer le transfert du sol vers les produits animaux, tant en élevage professionnel que vivrier, afin de maintenir une activité d'élevage sur les surfaces contaminées tout en assurant la protection du consommateur de produits locaux.
Pour arriver à cet objectif, le projet se décompose en 5 sous-parties. Les 3 premières visent à générer des connaissances, dites biotechniques, sur les pratiques permettant de limiter le transfert du sol vers les tissus animaux. La quatrième vise à intégrer le changement de pratiques dans un modèle économique afin d'évaluer le coût du changement. Ce modèle est construit à partir des bases théoriques de la viabilité. Enfin la dernière partie, prend en compte le rôle des différents acteurs (éleveurs, filière, interprofession, administrations) dans une approche participative afin de co-construire le futur de l'élevage sur ces zones contaminées. Plusieurs réunions d'information puis de concertation ont déjà eu lieu depuis 2012 pour construire ce projet qui a obtenu un financement du PITE en 2015, puis de l'ANR en 2016.
Mots clés : chlordécone, sol, élevage, sûreté alimentaire, efficience économique, acceptabilité sociale